10/01/2008

Mouzaïa

Ici, c’est le calme, un poumon de verdure parisien. Tout le long de la rue du Général Brunet jusqu’à la place Rhin-Danube, vous croiserez sur votre chemin des passages étroits baptisés villas (Amalia, Fontenay, Bellevue…) ponctués de lampadaires. Ces ruelles piétonnières pentues sont bordées de pavillons modestes mais coquets, blottis les uns contre les autres, d’un étage pas plus avec leurs petits jardinets privatifs. On les surnomme « les villas du quartier d’Amérique » car nous sommes sur l’emplacement des anciennes carrières d’Amérique où le gypse était extrait.

De hauts portails cachent parfois ces maisons mais il arrive que l’on réussisse tout de même à glisser un œil et à faire un peu de lumière sur ces jardins secrets avec, ici ou là, un banc, une table de jardin, une balancelle. Un monde tout en discrétion, à l’abri des regards indiscrets. Un quartier où les heureux propriétaires ont dû, à cause des rondes régulières de la police, apposer sur les portes des garages le numéro de la plaque d’immatriculation de leur voiture pour ne plus être verbalisés. Car, pour ceux qui viennent d’élire domicile ou qui font juste une virée latino chez Ay Caramba, il faut le savoir, la place des Fêtes a noirci le tableau idyllique de ce quartier. Elle n’est plus ce haut lieu, cœur battant de la commune de Belleville, où l’on organisait jadis des fêtes foraines. Les architectes de l’après seconde guerre mondiale l’ont complètement défigurée par des barres d’immeubles, des cités baptisées outrageusement « résidences ». Alors les propriétaires se protègent, se barricadent, car la place est devenue une plaie ouverte à tous les vents, territoire des apaches version moderne qui rôdent.

Malgré ces désagréments, la Mouzaïa incarne la poésie dans la ville et restera aussi un repère artistique emblématique pour tous ceux qui ont connu ou expérimenté « le café au lit ». Ce lieu inédit proposait, jusqu’à juin 2007, des vernissages et expositions - jusque là rien d’exceptionnel… mais le must tenait du fait que cet espace faisait également office d’appartement en location, si bien que les chanceux locataires pouvaient, l’espace de quelques nuits, s’offrir le luxe de vivre en symbiose avec les œuvres exposées. Espérons qu’ils ne nous feront pas faux bond, l’expérience doit se renouveler, prochainement, dans un nouveau local…

Aucun commentaire: