
Les jours de grève peuvent avoir leur petit plus. Je suis d’un naturel grincheux et peste quand il n’y a pas de métro sur la ligne, que la seule alternative est de se retrouver serré comme du bétail que l’on mène à l’abattoir… ou de marcher. Je regagnais donc d’un pas pressé mon home sweet home en longeant le côté des numéros pairs de la rue Oberkampf.
C’est au n°154 que j’ai découvert, à travers l’entrebâillement de la porte cochère, une impasse et, tout au fond, une banderole colorée qui flottait entre deux bâtiments. Je m’y suis engagée timidement, ayant le vague sentiment de faire intrusion. Je croise un ado poulbot, baguette de pain sous le bras, nous nous saluons. J’ai le sentiment d’être propulsée en plein XIXème siècle. J’aperçois un homme au loin en train de bricoler. Je me dirige lentement vers lui et tente de ne pas cogner trop fort les talons sur les pavés de grès de crainte de perturber ce calme assourdissant. Des pétitions sont apposées à chacune des fenêtres « ils ne prendront pas nos maisons, ni nos lieux de travail », un peu plus loin sur la porte d’un atelier un écriteau rouge met en garde « maison piégée ». Eric Fayolle me délivre alors les secrets cachés de cette ancienne cité industrielle et artisanale où vivent et travaillent des peintres, sculpteurs, brocanteurs, éditeurs, réalisateurs mais aussi la famille Hauquier qui, de père en fils, travaille le papier d’emballage recyclé. La doyenne occupe les lieux depuis plus de 65 ans !
C’est une poche qui a su résister au temps, m’explique t-il, mais qui est menacée par les promoteurs immobiliers depuis presque 4 ans : un imbroglio juridique. L’expulsion pèse comme une épée de Damoclès sur ses habitants qui gardent malgré tout une énergie encore intacte pour en découdre avec la justice et préserver le tissu social et leur cadre de vie.
Une pétition est en ligne alors si vous êtes du quartier ou si vous êtes simplement sensible à cette lutte et de façon plus générale à la préservation capitale de l’âme de Paris : n’hésitez pas à la signer et à rencontrer vos voisins de quartier.
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