02/11/2007

Les fantômes de Raoul Velasco

C’est une boutique devant laquelle je suis passée maintes fois mais où je n’ai jamais pris le temps de m’arrêter sauf qu’hier j’ai été attirée par de drôles de personnages. Le rideau de fer à moitié baissé, le nez collé à la vitre, j’aperçois des crânes, des têtes de mort et des squelettes. Sur la vitre une affichette indique « le jour des morts au Mexique : offrande et calaveras », un petit mot discret invite le visiteur à sonner à la porte d’à côté. Ma curiosité est à son comble. Je sonne.

Un monsieur ouvre et me salue avec un accent aux tonalités latines. Il m’invite gentiment à entrer et à me mettre à l’aise. Dans l’obscurité, il s’empresse et appuie sur l’interrupteur.

La lumière éclaire un autel de 3 étages (les différents âges de la vie) avec des offrandes et des crânes (calaveras en espagnol) en sucre, en papier mâché mais aussi des images humoristiques de figures contemporaines dépeintes comme des squelettes, certaines accompagnées d’un poème. Le maître des lieux allume les bougies. Cette année l’autel est dressé à la mémoire d’André Aubry, historien et anthropologue, grand défenseur des indiens du Chiapas, décédé il y a quelques mois. Il y a aussi la calavera Catrina (référence à une gravure de José Guadalupe Posada faisant aujourd’hui partie de l’imagerie populaire mexicaine). Elle est représentée avec un chapeau élégant et fleuri et incarne la femme dandy, une satire de l’élite durant le règne de Porfirio Diaz.

En fait nous sommes dans la galerie de Raoul, graveur mexicain, artiste plasticien. Il s’agit d’une exposition qu’il renouvelle chaque année pendant la fête des morts, un rituel mexicain. A cette occasion, des artistes du monde entier participent et laissent aller leur imagination en créant des calaveras... C’est surprenant de drôlerie et surtout un choc culturel pour nous occidentaux qui avons un triste rapport avec la mort.

Qui a dit que la curiosité était un vilain défaut ?

Alors ne manquez pas l’année prochaine pour la Toussaint d’emprunter la rue des Cascades, vous y croiserez des regards (pas de parano s’il vous plait !) et pourrez à votre tour vous laisser surprendre par les fantômes de Raoul.

Galerie Velasco-Meller
49 bis, rue des Cascades
75020 Paris
Métro : Jourdain

Aucun commentaire: