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03/12/2008

Jean-Marie Gustave Le Clézio

L’occasion est belle comme un Nobel de parler de Jean-Marie Gustave Le Clézio à propos de « Comme sur une île ». L’île Maurice est le berceau familial de l’écrivain et de nombreuses pages de ses œuvres, désormais consacrées, nous la content.

Rarement un auteur m’aura ainsi accompagné, des années durant, d’un livre à l’autre, d’une rive – méditérranéenne – à l’autre – l’océan indien. Qui a vraiment parcouru l’île Maurice comprend aisément l’attirance qu’exercent les champs de canne à sucre et leurs laborieux faucheurs, sur le jeune homme de bonne famille comme sur le voyageur, aujourd’hui comme naguère. La langue chantante, le sourire facile, l’œil pétillant, homme et femme, ravis de s’interrompre quelques instants, racontent leur île loin des hôtels de luxe et partagent leur gaîté.

Chercheur d’or, il vous faut aussi faire le Voyage à Rodrigues, Cendrillon des Mascareignes, petite sœur qui rêve les yeux grand ouverts, le regard perdu et qui irradie tant par sa beauté qu'elle nous aveugle, qu'on la jalouse. Vous n’y croiserez plus le grand père de J.M.G. Le Clézio, certes, mais vous y retrouverez sa trace entre la Montagne Chérie, Gabriel et Port Sud-Est.

Autant l’île Maurice évoque une Inde mâtinée d’Asie ; autant Rodrigues la créole, la marron, réveille chez le voyageur l’impression d’Afrique, comme Onitsha, laissant sourdement gronder les Révolutions passées contre les jougs coloniaux et poindre la douleur de l’exil quand bien même il a pour cadre la douceur azuréenne, pour l’auteur, ou l’écrin d’un lagon outremer, pour une jeunesse rodriguaise oubliée.

Toutes ces œuvres forment une quête, des origines bien sur à travers l’histoire d’un père – L’Africain – d’une famille ; mais une quête essentiellement intérieure, celle de l’étanger à lui-même où qu’il aille, celle également du voyageur qui arpente des contrées lointaines et étranges, avide de rencontre, de découverte, d’aventure mais pour lequel, une fois revenu, seule échappe encore sa propre identité. Monsieur Le Clézio, à vous lire, je vais à ma rencontre.

08/08/2008

La nuit de l'oracle

Dîner chez Joe Allen peut donner envie de prolonger d’une manière ou d’une autre la prise de contact avec New York, de se balader quelques heures dans Manhattan, le nez en l’air.

De deux choses l’une (quoique les plus mordus peuvent prendre les deux !), soit vous vous connectez illico pour acheter un billet d’avion sur le site de votre voyagiste préféré soit vous filez à la librairie (à ce propos, dans un autre billet, je vous indiquerai une bien jolie adresse…), rayon littérature anglo-saxonne et vous cherchez… Auster, Paul Auster.

Ecrivain américain contemporain, Paul Auster vit à New York, écrit à New York et situe un grand nombre de ses ouvrages à New York. Je ne serais pas surpris qu’à l’occasion il dîne chez Joe Allen, dans la 46ème, en plein Manhattan, son quartier. D’ailleurs il situe à proximité immédiate (précisément à Cobble Hill dans Brooklyn) la maison du personnage principal d’un de ses derniers romans, « La nuit de l’oracle », paru chez Actes Sud en 2004.

Sidney Orr, écrivain, relève de longue maladie et renaît peu à peu à la vie, et à l’inspiration, en arpentant les rues de Brooklyn. D’abord hanté par la crainte de ne plus trouver l’inspiration, il est rapidement habité d’une frénésie d’écrire et nous entraîne à sa suite, entre réel et imaginaire, dans les méandres de l’histoire qu’il couche dans un carnet bleu. Qui, de Sidney, l’écrivain, ou de Nick, l’éditeur, personnage principal du roman qu’écrit Sidney, est au cœur du roman que nous propose Paul Auster ? A moins que ce ne soit l’auteur lui-même puisque le meilleur ami de Sidney est un certain John Trause, un nom qui n’est rien d’autre que l’anagramme de… Auster. Vous vous sentez perdu ? Alors, n’hésitez pas et plongez dans la nuit mais faites attention aux chutes de pierres...

[Photo : "Early morning at Cobber Hill" de Lucas Berrini]