L’occasion est belle comme un Nobel de parler de Jean-Marie Gustave Le Clézio à propos de « Comme sur une île ». L’île Maurice est le berceau familial de l’écrivain et de nombreuses pages de ses œuvres, désormais consacrées, nous la content.
Rarement un auteur m’aura ainsi accompagné, des années durant, d’un livre à l’autre, d’une rive – méditérranéenne – à l’autre – l’océan indien. Qui a vraiment parcouru l’île Maurice comprend aisément l’attirance qu’exercent les champs de canne à sucre et leurs laborieux faucheurs, sur le jeune homme de bonne famille comme sur le voyageur, aujourd’hui comme naguère. La langue chantante, le sourire facile, l’œil pétillant, homme et femme, ravis de s’interrompre quelques instants, racontent leur île loin des hôtels de luxe et partagent leur gaîté.
Chercheur d’or, il vous faut aussi faire le Voyage à Rodrigues, Cendrillon des Mascareignes, petite sœur qui rêve les yeux grand ouverts, le regard perdu et qui irradie tant par sa beauté qu'elle nous aveugle, qu'on la jalouse. Vous n’y croiserez plus le grand père de J.M.G. Le Clézio, certes, mais vous y retrouverez sa trace entre la Montagne Chérie, Gabriel et Port Sud-Est.
Autant l’île Maurice évoque une Inde mâtinée d’Asie ; autant Rodrigues la créole, la marron, réveille chez le voyageur l’impression d’Afrique, comme Onitsha, laissant sourdement gronder les Révolutions passées contre les jougs coloniaux et poindre la douleur de l’exil quand bien même il a pour cadre la douceur azuréenne, pour l’auteur, ou l’écrin d’un lagon outremer, pour une jeunesse rodriguaise oubliée.
Toutes ces œuvres forment une quête, des origines bien sur à travers l’histoire d’un père – L’Africain – d’une famille ; mais une quête essentiellement intérieure, celle de l’étanger à lui-même où qu’il aille, celle également du voyageur qui arpente des contrées lointaines et étranges, avide de rencontre, de découverte, d’aventure mais pour lequel, une fois revenu, seule échappe encore sa propre identité. Monsieur Le Clézio, à vous lire, je vais à ma rencontre.